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Archive journalière du 16 nov 2009

Pétrole

Un « petit » billet de notre ami Pierre Bertrand de Trièves Après Pétrole

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Chers ami(e)s,

Il y a longtemps que je ne vous ai pas donné de nouvelles de Renaissance 2, vous laissant au milieu du gué dans mon dernier message sans vous dire pourquoi la timide reprise économique actuelle ne devrait pas durer longtemps. Je terminais ce dernier billet en vous annonçant que nous allions avoir un gros problème avec l’énergie. Si vous n’aimez pas les mauvaises nouvelles, ne lisez pas plus loin (un contrecoup psychologique peut se produire) .

En même temps, il vaut mieux savoir à quoi se préparer. Si je vous dis que cela fait 4 ans que j’épluche ces nouvelles et que je ne me suis pas jeté par la fenêtre pour autant, parce que je crois qu’il peut en sortir du bon à condition d’anticiper les choses, cela vous encouragera peut-être ?

Note : ce billet est un peu long, mais il est difficile de faire court.

La presse française s’est largement fait l’écho du dernier rapport annuel de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), publié ce mardi 10 novembre. Les journaux reprenaient tous l’info de l’Agence, selon laquele les investissements dans les énergies non polluates sont insuffisants si l’on veut limiter le réchauffement climatique, ce qui n’est pas nouveau. Curieusement, les médias français n’ont pas repris la deuxième info importante du rapport, alors que la presse anglo-saxonne l’a largement répercutée. Le magazine international Time, par exemple, titrait : « Une crise énergétique pourrait succéder à la récession ». L’AIE précise dans son communiqué que les conséquences économiques pourraient être bien pires que la crise financière. De quoi s’agit-il ?

Jetons un coup d’œil au graphique suivant, tiré du rapport de l’AIE (mes commentaires en desous), qui présente les estimations de production future de pétrole et de gaz naturel liquéfié

Pétrole dans Ecologie
En bleu foncé et clair, c’est la production de pétrole conventionnel, le pétrole de Lucky Luke, celui qui jaillit au premier coup de pioche, facile et pas cher à exploiter. C’est celui-ci qui fait tourner le monde depuis 1900. On voit que cette production a à peu près atteint son maximum vers 2005 et devrait commencer à diminuer sérieusement à partir de 2015. cela signifie que le temps de l’énergie bon marché est très bientôt terminé. Passons aux autres couleurs.

En rose, c’est la production des gisements de pétrole conventionnel pas encore découverts. C’est-à-dire qu’on espère qu’ils existent quelque part, mais on n’en sait rien. Sachant qu’il y a 20 ans qu’on a pas découvert autant de pétrole et qu’il faut entre 5 et 10 ans pour mettre en exploitation un nouveau gisement, la plupart des spécialistes estiment que l’estimation en rose est tout simplement irréaliste.

En noir: la production supplémentaire de pétrole conventionel obtenue par les technologies de « forçage de production », qui consistent à injecter de l’eau salée pour faire sortir le pétrole des gisements en cours d’épuisement. Outre que le pétrole ainsi obtenu est beaucoup plus cher, ces techniques sont déjà largement en œuvre dans le monde et, chaque fois, elles accélèrent l’épuisement du gisement sans beaucoup augmenter sa production, ce qui ne représente pas une solution viable.

En orange, les pétroles non conventionnels : sables bitumineux du Canada et pétroles océaniques profonds. Etant très difficiles à exploiter, ces pétroles sont très chers (≥ 80 $) et leur propriétés ainsi que les difficultés techniques réduisent le débit d’extration : la production mentionnée sur le graphique est un maximum dans le meilleur des cas.

En vert : le gaz naturel liquéfié, qui peut remplacer l’essence dans les moteurs. Le graphique omet le fait que la production de gaz devrait elle aussi arrêter d’augmenter 10 ou 15 ans après le pétrole. Pas rassurant.

Bref, beaucoup de gens pensent, même au sein de l’AIE, que ces estimations déjà inquiétantes sont trop optimistes.

Mais l’AIE elle-même craint que ses estimations (optimistes ou pas) ne se réalisent pas pour cause d’investissements financiers insuffisants dans le pétrole et dans les autres énergies à cause de la crise (-20 % d’investissements en un an). Et là, c’est encore plus problématique.

Revenons à la couleur bleue :

- en bleu foncé, c’est la production des gisements mondiaux de pétrole en exploitation : on voit qu’elle diminue très vite (-50 % en 2020).

- en bleu clair, ce sont les gisements pas encore exploités. Là encore, beaucoup de gens dans le monde du pétrole trouvent que l’estimation de cette production est optimiste, d’autant plus qu’il faudra du temps pour mettre ces gisements en exploitation, ce dont le graphique ne tient pas assez compte.

Mais le vrai problème est ailleurs. Les investissements nécessaires pour obtenir une telle production en si peu de temps n’ont pas eu lieu, pas plus que ceux qui  permettraient d’augmenter aussi rapidement la production de pétrole non conventionnel (orange) ou d’améliorer le forçage des gisements existants (en noir).

Cela signifie que la production de pétrole facile et pas cher va vraisemblablement commencer à diminuer avant 2015 et que la production de pétrole non conventionnel et cher va décoller beaucoup plus lentement (et insuffisamment pour compenser), de même que les gaz naturels liquéfiés.

Sachant que d’ici-là la Chine (pour ne mentionner qu’elle) devrait avoir doublé sa production industrielle, il y a un gros problème. Pas de ceux qui se résolvent en deux ou trois ans avec un tour de passe-passe technologique.

Le prochain choc pétrolier est donc une certitude pour les toutes prochaines années (comme le précisait un rapport au premier ministre en avril 2008). Sachant qu’il est vraisemblable que les prix élevés du pétrole en 2008 aient précipité (mais pas déclenché) la crise financière en augmentant brutalement le nombre de ménages insolvables aux USA (là-bas, le prix du litre d’essence avait été multiplié par 3), cela donne une idée de ce que le choc pétrolier à venir pourra provoquer sur un système économique et financier encore chancelant.

Je ne vous dirais pas tout cela si je n’étais pas en mesure de vous dire aussi qu’il est possible de s’en sortir sans trop de casse en se préparant dès maintenant. C’est pour cela qu’avec des amis nous avons lancé une initiative dans le Trièves pour inviter les habitants à mettre en place ensemble les solutions, sans attendre qu’elles viennent d’en-haut (visiblement, nos médias et nos dirigeants ne se réveilleront qu’au dernier moment). De telles inititatives sont reproductibles partout. Vous pouvez déjà visiter notre blog pour en savoir plus (http://aprespetrole.unblog.fr), nous contacter directement si vous êtes dans la région et souhaitez nous rejoindre.

Je reviendrai sur ces pistes et sur nos efforts dans un prochain billet.




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