Chers amis démocrates
Le moins que je vous dois est de vous faire un compte rendu aussi honnête que possible ce qui s’est passé à Copenhague, puisque j’étais la seule représentante de la France et du groupe politique de l’ADLE dans la délégation officielle du Parlement européen.
Tout d’abord, la désorganisation était totale : les participants ont dû attendre plusieurs heures pour obtenir leur accréditation, les différentes réunions accusaient systématiquement des retards importants et les forces de l’ordre ont agi d’une manière plus que musclée à l’égard des organisations non-gouvernementales. Si là n’est évidemment pas l’essentiel, cette situation a contribué à la cacophonie générale, laquelle est également le résultat de procédures onusiennes de plus en plus lourdes, et d’une présidence danoise qui a manqué de la psychologie la plus élémentaire.
S’agissant de l’Europe, le moins que l’on puisse dire est qu’elle a été particulièrement peu audible en tant que force politique, même si les chefs d’État et de gouvernement français, allemands, britanniques et espagnols ont essayé de promouvoir un accord qui paraissait impossible. La force européenne elle-même a été inexistante, personne n’ayant retenu, ni la position soutenue par la présidence suédoise, ni les propos de M. Barroso, président de la Commission européenne.
Quant à la délégation du Parlement européen, si elle a pu être informée régulièrement à la fois par la présidence suédoise et par la commission, à aucun moment elle n’a pu être associée aux stratégies qui se mettaient en place. Preuve en est l’interdiction faite aux représentants du Parlement européen de suivre en qualité d’observateurs les débats des réunions plénières, les badges ayant été réservés aux représentants de la Commission et de la Présidence de l’UE. Malgré nos protestations, il n’a pas été possible de pénétrer dans la salle. C’est donc sur les écrans extérieurs que nous avons été contraints de suivre les débats et la réalisation d’une catastrophe qui était clairement annoncée.
Cet échec, car il impossible de parler demi-succès, impose bien entendu à chacun des acteurs, quels qu’il soit, responsable politique comme représentant de la société civile, de faire son examen de conscience. Il est impératif de comprendre ce qui aurait pu être différent, et de proposer une nouvelle stratégie qui puisse cette fois être gagnante. L’échec de Copenhague va nous faire perdre un temps considérable, alors même que la détresse de certains pays africains et des représentants des petites villes d’Asie du Sud-Est est tragique.
Sur un plan juridique, aucun accord n’a été conclu et le mandat qui avait été donné aux négociateurs par la Convention de Bali est désormais épuisé. Les Etats doivent trouver des méthodes de négociations beaucoup plus efficaces, en privilégiant probablement davantage le niveau régional et en créant un organe supranational dédié. De leur côté, les défenseurs d’un autre modèle de développement et d’une économie sobre en carbone doivent également rechercher des moyens d’action internationaux plus efficaces et plus convaincants au regard des perspectives géostratégiques du G20. En bref, il est urgent de réfléchir à un nouvelle gouvernance fondée sur un modèle beaucoup plus élaboré, et qui garantit la confiance mutuelle. Cela est indispensable si nous voulons sortir de l’ornière profonde dans laquelle l’humanité s’est embourbée.
Meilleurs vœux 2010
Corinne Lepage
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