Eric Besson qualifiait il y a quelques jours d’indécents les propos de Corinne Lepage lorsqu’elle décrivait l’évolution probable de la situation nucléaire au Japon et manifestait son inquiétude à ce qui s’apparentait à une catastrophe et non un simple accident. Les faits nous ont malheureusement donné raison et le commissaire européen à l’énergie n’hésite pas désormais à parler d’apocalypse nucléaire.
Corinne Lepage et CAP21 tiennent en premier lieu à réaffirmer leur plus entière solidarité au peuple japonais et aux sauveteurs qui luttent
actuellement pour sauver des vies. La situation sur les centrales est gravissime. Les évacuations devraient être engagées sur un périmètre beaucoup
plus large tout en ayant conscience que l’état actuel des infrastructures ne permet peut-être pas d’envisager le déplacement de millions de personnes. A la différence de Tchernobyl, ce ne sont pas un mais 6 réacteurs qui sont aujourd’hui touchés, un drame absolu pour aujourd’hui et l’avenir.
En réaction à cette apocalypse, le Premier Ministre n’a pour seule proposition que la réalisation d’un audit de la sûreté actuelle des centrales nucléaires françaises.
Pour Corinne Lepage, cette proposition à minima n’est évidemment pas à la hauteur des enjeux qui se posent et ne vise évidemment qu’à
maintenir le consensus politique qui existe entre la gauche et la droite depuis des décennies sur la politique énergétique de notre pays. Il suffit de regarder les déclarations politiques des principales personnalités. De Nicolas Sarkozy à François Hollande en passant par Michel Rocard, nos hommes politiques sont unanimes pour nous dire que le nucléaire est une énergie absolument incontournable, durable et nécessaire à notre indépendance, en évitant de nous parler des conditions d’approvisionnement en uranium depuis le Mali ou le Niger.
Fort heureusement, de nombreuses associations et mouvements écologistes défendent un autre horizon depuis des années.
L’indécence ce n’est pas de poser des questions mais bien de ne pas y répondre, en minimisant la réalité des problèmes ou en occultant les risques vitaux que l’on fait peser. Le débat devra avoir lieu, le moment venu, lorsque le temps de l’urgence et de la solidarité sera passé, sans tabou et dans la transparence la plus totale. Nous devons sortir du débat caricatural dans lequel on essaie pour l’instant de nous contraindre.
Parler de la sortie éventuelle du nucléaire à un horizon 30 ans ne relève pas de l’impossible, c’est une discussion qu’il faudra avoir en prenant en compte l’ensemble des termes du débat, économique, technologique, financier, environnemental, sanitaire…
Concernant l’audit annoncé par François Fillon, nous demandons à ce que celui-ci traite chaque centrale au cas par cas en tenant compte des risques propres à chaque site (séisme, inondations, sécheresse, effondrement de carrières….) et en intégrant les scenarii d’évolution climatique et non les références climatologiques du passé. Cet audit devra être réalisé par un panel d’experts indépendants.
Par ailleurs il faut évidemment arrêter les centrales les plus anciennes comme Fessenheim et geler les nouveaux projets permettant à notre pays de remettre à plat sa politique énergétique au travers d’un véritable choix démocratique.
Plus : http://www.cap21.net/
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