Ou quand une verte s’exprime sur un blog Lepagiste…
Interview de Corinne Bernard, conseillère régionale, chef de gare de Clelles
Propos recueillis par Samuël Foutoyet pour Les Nouvelles du Pays
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Corinne Bernard, j’habite dans le Trièves depuis sept ans. J’ai été postière à Mens, et depuis 2006 je suis chef de gare de Clelles. Je suis syndiquée à Sud-Rail, représentante au Comité d’Entreprise de la SNCF. Je suis également conseillère régionale du canton de Mens depuis mars 2010. J’appartiens au groupe Europe-Ecologie-Les-Verts.
Vous souhaitez lancer ici un message d’alerte concernant les services publics dans le Trièves.
Oui, il faut alerter les Triévois et les Triévoises sur la dégradation de nos services publics. La situation est de plus en plus grave, en particulier pour le train, la poste et l’école.
Commençons par le train. Que se passe-t-il en ce moment avec la ligne TER du Trièves ?
La ligne a été fermée six semaines en octobre et novembre. Officiellement il s’agissait de réaliser des travaux de réfection de la voie. Or non seulement ces travaux n’ont pas eu lieu, mais en plus la SNCF annonce la suppression de trois trains sur la ligne à partir du 11 décembre !
Pourquoi les travaux ont-ils été annulés ?
L’entreprise Réseaux Ferrés de France (RFF) affirme ne pas avoir eu le budget nécessaire. Il faut savoir qu’en 1997, lorsque le gouvernement a coupé la SNCF en deux pour confier la maintenance des lignes à RFF, il a transféré l’essentiel de la dette de la SNCF à RFF, soit environ 20 milliards d’euros et des agios d’un milliard d’euro par an. Aujourd’hui la dette de RFF atteint 32 milliards, c’est catastrophique. Résultat : les lignes de train ne sont pas assez entretenues !
Pourquoi avoir fermé la ligne si les travaux n’ont pas été réalisés ?
C’est tout le problème. Dès le 8 octobre la SCNF savait que les travaux n’auraient pas lieu. Les voyageurs n’en ont même pas été informés ! Il faut savoir que pour la SNCF, remplacer le train par des bus coûte moins cher. Tout se passe comme si la SNCF avait voulu profiter des « non-travaux » pour faire six semaines d’économies budgétaires.
Au final ce sont les voyageurs qui en ont subi les conséquences…
Bien sûr. En bus les conditions de voyage sont moins confortables. Les horaires sont plus aléatoires. Parfois les bus oublient de desservir certaines gares. Concrètement, quand le train est en travaux, c’est le bazar, et de nombreuses personnes préfèrent utiliser leur voiture.
Quels trains la SNCF veut-elle supprimer à partir du 11 décembre ? Pourquoi ?
La SNCF veut supprimer trois trains : le train partant de Clelles vers Grenoble à 7h12, le train partant de Grenoble à 19h13, et le train partant de Grenoble le vendredi à 20h13. Officiellement il s’agit d’un problème de sécurité sur les voies. Mais pourquoi ne pas résoudre ces problèmes, et pourquoi supprimer les trains les plus fréquentés ? Ces trains sont ceux les plus utilisés par les Trièvois travaillant dans l’agglomération grenobloise ! Tout se passe comme si la SNCF voulait peu à peu remplacer les trains par des bus, alors qu’au contraire, d’un point de vue écologique et pratique il faut investir dans le train. Si nous ne réagissons pas maintenant, l’année prochaine d’autres trains risquent d’être supprimés !
Quelle sont les résistances possibles ?
Venez au prochain comité de ligne exprimer votre colère ! Le lieu et la date exactes seront affichés dans les gares. Pour être tenu au courant vous pouvez aussi contacter l’association pour la promotion de la ligne SNCF Grenoble-Veynes-Gap (AGV) au 04 76 22 21 63. Il va falloir se mobiliser si nous voulons défendre notre train : pétitions, rassemblements…
Concernant la poste, quelle est la situation dans le Trièves ?
La Poste, désormais Société privée, restructure ses services pour augmenter son taux de profit. Cette année deux postes ont été supprimés, à Monestier de Clermont et à Mens. Pour l’instant cette décision est assez invisible pour la population, puisque les services sont presque identiques. En revanche les tournées des postiers ont été allongées, les conditions de travail se dégradent, et si le trafic de courrier augmente on verra les problèmes arriver. En 2013 de nouveaux postes risquent d’être supprimés.
Et l’école ? La rentrée scolaire à Mens a été assez mouvementée…
Une classe de maternelle a été fermée à Mens. Jusqu’ici il y avait une vingtaine d’élèves par classe, ils sont maintenant 27, c’est beaucoup trop ! Au collège de Mens les classes sont également trop chargées, il faudrait en ouvrir de nouvelles. Le gouvernement dégrade l’éducation nationale, c’est grave. La conséquence, c’est que les parents envoient les élèves en écoles privés voire déscolarisent leurs enfants.
Quelles ont été les résistances ?
Les parents d’élèves ont organisé des rassemblements, une pétition a rassemblé 380 signatures, ce qui est beaucoup pour un village comme Mens. Mais l’inspection académique a refusé de revenir sur sa décision. C’est scandaleux.
Quelles sont les résistances de manière générale dans le Trièves ?
Beaucoup de personnes sont indignées par les politiques actuelles et sont prêtes à se mobiliser. Mais on ne sait plus où donner de la tête tellement les assauts contre les services publics sont nombreux et insidieux. En revanche nous manquons de collectifs ou de partis politiques très structurés dans le Trièves. Sans doute serait-il pertinent de relancer le collectif Vivre en Trièves ?
Un dernier mot ?
Le plus urgent est de se mobiliser pour empêcher la suppression des trains. Si nous ne réagissons pas, l’année prochaine nous risquons de perdre encore des trains, voire, à terme, la suppression de la ligne. Mobilisons-nous !
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