Au matin du samedi 20 octobre 1917, les habitants de Saint-Andéol, de Château-Bernard, et surtout de Clelles, ne pouvaient qu’être fort surpris d’entendre, puis de voir, la Guerre passer au-dessus de leurs têtes, sous la forme d’un énorme aéronef fuselé, un ballon dirigeable dont tout le monde connaissait le nom, devenu générique, de zeppelin. Car, bien avant la guerre, les journaux avaient souvent parlé de ces produits de l’aventure industrielle et commerciale du Comte Von Zeppelin, et des nombreux et spectaculaires accidents qui en avaient ralenti, et endeuillé, la mise au point.
Dès le début des hostilités, les journaux en avaient fait mention régulièrement, comme la Une de La Dépêche de Toulouse du 24 août 1914 : «Encore un Zeppelin détruit» (le Z.8, dans les Vosges). Après cette période d’utilisation tactique, pour des opérations en liaison avec les combats au sol, était venue celle des bombardements, stratégiques, de l’Angleterre d’abord, dès janvier 1915, sur des objectifs industriels, avant que le Kaiser, bientôt, n’autorise de bombarder les grandes villes elles-mêmes, «sans précautions particulières» : on découvrit alors des images de la capitale anglaise très semblables à celles qui seraient vues en 1940. On avait aussi fait état d’opérations diverses, sur différents théâtres d’opération jusqu’en Turquie et même en Afrique
C’était donc un de ces vaisseaux aériens mythiques, le L45, qui ce matin-là, «8h ½» il faisait grand jour, car on était revenu depuis deux semaines à l’heure d’hiver- survola Saint-Andéol après avoir franchi la barrière du Vercors au-dessus du pas Morta, puis le hameau de la Combe, à Château-Bernard, avant de revenir au sud, vers Gresse et le Mont-Aiguille… il apparut au-dessus de celui-ci, «à une hauteur relativement assez élevée, se dirigeant vers le col de la Croix-Haute», étant alors entendu, puis distingué de Clellois alertés par le bruit des moteurs. En début d’après-midi, aurait été aussi aperçu un second «monstre du ciel», suivant sensiblement le même itinéraire.
Journaux d’abord, puis magazines, s’emparant à l’envi d’un sujet aussi spectaculaire, les Triévois, Témoins visuels ou non, en surent un peu plus les jours suivants sur cette affaire, le contexte de cette expédition de bombardement sur Londres, et les circonstances qui l’avaient amenée à se terminer, pour le L45, au bord du Buêch asséché, près de Laragne.
C’est cela, avec bien d’autres informations sur l’aventure des Zeppelin, qui constituera l’objet de la conférence du 8 novembre 2018 (18h00), au Musée du Trièves à Mens, qui serait bien plus complète si l’on disposait de la moindre information sur les réactions des Triévois de l’époque.
Michel HELLY – Cornillon en Trièves
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