La communauté de communes du Trieves a pris son envol il y a maintenant plus d’un an.
Ce gros porteur vol tranquillement, le personnel de bord travaille dur pour répondre aux exigences des voyageurs. Les plateaux repas sont servis à heures fixes, les sanitaires sont propres, le nettoyage est fait régulièrement. Les écrans d’information sur le déroulement du vol sont souvent brouillés mais le problème devrait être rapidement réglé. Le temps est gris mais aucune grosse perturbation n’est à craindre.
La prochaine escale est annoncée en 2014, tout le monde patiente en regardant par le hublot. Mais certains voyageurs en voyant défiler les nuages et s’éloigner les derniers rayons de soleil s’autorisent une réflexion. Mais au fait, qu’elle est notre destination ? Y a t’il un plan de vol, un itinéraire, avons nous un objectif, une terre promise ?
Le commandant de bord n’a pas fait d’annonce, il zig-zag entre les orages et les trous d’air. Il y a un léger problème, l’équipe de pilotage n’est pas d’accord sur l’objectif. Chacun son eldorado. Pour ne froisser personne et garder sa place dans le cockpit un compromis est trouvé, on ne parle pas de choses qui fâchent. Nous verrons plus tard où nous allons, pour l’instant la priorité est de garder l’avion en l’air. Chacun regarde dans sa direction mais la jauge de carburant descend doucement…
Revenons un moment sur terre et laissons cette métaphore aérienne.
Monsieur le président de la communauté de communes, dans une précédente interview, nous a expliqué sa vision très administrative de la gestion intercommunale. Ce n’est pas un lieu d’idée, ni de réflexion ou de projet, il s’agit de faire fonctionner la machine un point c’est tout. La politique (quel vilain mot !) n’a pas sa place ici, d’ailleurs il le précise, la grande majorité des décisions sont purement techniques.
Et pourtant en abordant le sujet de l’A51 un doute s’installe. Il nous donne son opinion personnelle (très cohérente et juste) mais précise que ce sujet ne peut
être abordé car il n’y aura jamais de consensus dans l’assemblée délibérante. Derrière le dossier de l’A51, ce sont deux visions du développement de notre
pays Trieves qui s’opposent :
Soit, un développement économique à contre courant de la nature même du Trieves, artificiel, en faisant croire que des entreprises sans aucun lien avec le territoire viendront s’installer comme par miracle.
Soit, un développement maîtrisé, basé sur notre agriculture et l’artisanat, la transformation de matière première locale, le développement de circuits
courts…
Oui il y a plusieurs manières d’imaginer le Trieves de demain et c’est bien. Oui il doit y avoir débat sur un projet de territoire. Oui nous ne serons pas tous
d’accord. C’est ce que l’on nomme faire de la politique en démocratie.
Si il n’y a pas de projet de territoire, si la communauté de commune n’est qu’une juxtaposition de services alors que faisons nous des compétences transversales
qu’elle est sensée exercer comme, l’aménagement du territoire, l’économie ou la politique du logement et du cadre de vie.
Comment est-il possible que la communauté de commune ne puisse pas se positionner sur un projet tel que l’A51. Nous avons (ou avions) un agenda21, nous avons adopté un SCOT, deux documents qui sont clairement en contradiction avec un projetautoroutier. La communauté de commune devrait rester muette ?
Pourquoi ? Par convenance personnelle, pour ménager certaines alliances ?
Il n’est pas concevable qu’une collectivité de presque 10 000 habitants n’ait pas de projet politique, ce n’est pas une question de droite ou de gauche mais
simplement d’orientations, d’objectifs, de vision à moyen terme. S’autoriser tout simplement, soyons fou, à rêver. Le rêve ne coute rien, peut apporter
beaucoup et permet surtout d’avancer. C’est parce que certains (pas forcement des élus) ont su voir au delà du quotidien que le Trieves a su se démarquer et
façonner son identité. C’est grâce à ce temps d’avance que notre territoire a su capter dans les années précédentes autant de financements.
Il est impératif de continuer à innover, de ne pas toujours choisir les voies les plus faciles, de soutenir les nombreuses initiatives citoyennes, d’être inventif et ouvert pour décider de notre avenir et ne pas se faire imposer un modèle.
Il reste à espérer que notre bel avion choisisse enfin sa destination, se pose sans encombre (si possible, pas à notre Dame des Landes) et que l’aventure continue avec un moyen de locomotion plus durable.
Guillaume Gontard,
Habitant du Trieves et délégué de la commune du Percy à la CDCT.
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