Dictionnaire Hachette, masturbation intellectuelle : complaisance à tourner et à retourner les mêmes pensées…
Aujourd’hui, j’ai passé ce bel après midi, enfin printanier, dans les anciens locaux du SAT à Saint Martin de Clelles. Je participais à une réunion pour l’élaboration de la charte de l’écotourisme en Trièves, suite à une invitation reçue il y a quelques temps.
http://dodiblog.unblog.fr/2010/05/08/ecotourisme/
En bon écolos disciplinés, nous y arrivons en covoiturant. La réunion commence avec une demi heure de retard. Le titre m’inquiète d’emblée : réunion de sensibilisation à l’écotourisme en Trièves. Comme le fait remarquer un de nos élus, depuis le temps qu’on cause d’écotourisme dans le coin, on devrait avoir dépassé de là le stade de la sensibilisation pour en être à celui de l’action.
Un gentil consultant nous explique doctement toutes sortes de banalités sur l’écotourisme. Une intervenante de la CDC de Monestier de Clermont nous expose la démarche : la réunion d’aujourd’hui, puis encore deux autres, des consultations bilatérales, des retours, des synthèses, de l’infographie haut de gamme. Finalisation par la signature d’une charte avec les acteurs du tourisme intéressés, en décembre Inch Allah… Ambiance « délibérations de nuit au sénat », je manque de piquer un roupillon.
J’émerge à la fin de l’exposé pour poser bêtement la question de savoir combien va coûter la chose. Réponse : 16 000 euros pour le consultant (on est content pour lui) plus le salaire des techniciens qui feront la liaison. Dans ma petite tête, je calcule à la louche 3 mois équivalent temps plein à 3 000 euros/mois avec les charges = 9 000 euros. Donc, 16 000 + 9 000 = 25 000. On verra plus bas que je ne suis pas loin ! On nous parle d’une subvention de 40%. J’aime beaucoup l’idée des subventions… mais au bout du compte, il faut que quelqu’un les paye !
Nous nous séparons ensuite en ateliers pour plancher avec comme seul document de travail, une feuille avec les grandes lignes sur lesquelles nous sommes invités à cogiter. De grandes pensées, je cite entre autre : préervation des paysages et des espaces naturels, tri et valorisation des déchets etc. Donc départ sur une quasi page blanche, une magnifique façon de réinventer l’eau tiède lorsqu’on sait que de multiples régions ont déjà entamé la même démarche.
Au bout d’une heure de conciliabules à voix basse, chaque groupe nomme un rapporteur en charge de nous dévoiler gravement le fruit des « phosphorations ». « Nous nous sommes penchés sur », « Il faudra envisager de », « Il serait bon de travailler sur » etc…
Je reviens sur Mens avec le sentiment merveilleux d’avoir perdu 5 heures (4 heures de réunion plus 1 de transport) et d’avoir assisté à un magnifique gâchis de temps et d’argent public.
Je vérifie le montant de la dépense prévue dans le projet de contrat « Trièves, territoires écotouristiques exemplaires » signé avec la région Rhones Alpes. Il est effectivement prévu dans l’axe 2: qualifier l’offre écotouristique, une fiche action 3 : réaliser et mettre en oeuvre une charte écotouristique pour 24 000 euros (je n’étais pas loin) avec seulement 30% de subvention de la région.
Certes, il est intéressant d’élaborer une charte écotouristique pour le Trièves afin de se démarquer des autres. Mais je trouve tout cela extrêmement onéreux pour un document qui tiendra probablement sur une feuille recto verso !!! A titre de comparaison, la plaquette commune des offices de tourisme des cantons de Clelles et Mens a couté environ 12 000 euros pour 10 000 exemplaires.
On commence à comprendre le déficit de 1 400 milliards d’euros de la France quand un petit territoire comme le Trièves (9500 habitants tout mouillés) se permet de telles dépenses somptuaires.
J’ai posé la question à la réunion et je la repose : n’était il pas possible pour les techniciens en charge du dossier tourisme:
- de s‘inspirer fortement d’une des multiples chartes existantes en choisissant celle la plus proche de notre cas.
- d’en expurger ce qui était hors sujet
- d’y rajouter ce qui leur semble adapté à notre région
- de soumettre le fruit de leur travail aux acteurs du tourisme du Trièves
- d’organiser une seule et unique réunion pour finaliser la fameuse charte.
On peut imaginer qu’un tel processus aurait necessité un petit mois de travail et donc couté environ 10 fois moins cher…
J’ai assisté à une réunion organisée de cette manière à propos du contrat de projet suscitée. C’est infiniment plus efficace.
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Tout cela me rappelle furieusement une réunion de l’agenda 21 en mai 2006. Une intervenante y exposait un projet de pédibus pour différentes communes du Trièves. Il était prévu de faire intervenir un consultant pour mettre en place la chose. Coût prévu : 4000 euros par commune.
Or nous venions juste de démarrer un pédibus sur Mens organisé par les parents d’élèves : http://lapetitemaison.unblog.fr/2009/03/19/le-pedibus-de-mens/. Coût : 0 euros !!!
Aujourd’hui le pédibus de Mens continue son petit bonhomme de chemin, les autres pédibus prévus n’ont jamais démarré…
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