Association Bien Vivre En Trièves
Lettre d’information N°4
Un budget 2023 en trompe l’œil
La municipalité Mensoise a voté les budgets 2023 le 28 mars dernier devant une salle comble. L’association Bien Vivre En Trièves, qui avait appelé à assister à cette séance
budgétaire, a été entendue.
Elle continuera à le faire.
Le vote a été sans surprise 12 pour, et 3 contre, celles de l’opposition.
C’était attendu, mais … la pauvreté des réponses aux questions posées, tant de la part du maire que de l’adjoint aux finances, a eu raison de nos espoirs.
Très difficile de voir clair dans ce budget qui ne dégage aucune priorité. Et pourtant un budget, c’est un acte de volonté qui montre le sens donné à la gestion municipale. Où veut-on aller et comment ?
Ce soir-là, la présentation rapide et ultra résumée n’a rien éclairé du tout …
Nous n’en sommes pas restés là. Grâce aux documents un peu plus détaillés que les membres de l’opposition ont obtenus, après avoir dû faire une demande par écrit au
secrétariat ! (C’est un comble), nous en savons peu plus et du coup plus de questions appelant des réponses. Il y a eu trois budgets : deux habituels, général et eau-assainissement et un troisième de circonstance : celui du tourisme.
Le budget général :
Le fonctionnement coûtera 2 165 000 € soit 17 % de plus qu’en 2022. C’est explicable dans le contexte actuel d’inflation, mais c’est un taux trop élevé par rapport aux produits fiscaux (917 k€) et aux dotations (535 k€) qui augmentent d’environ 13%. Quelles sont les raisons ? On aimerait bien savoir par exemple comment les produits de gestion (131 k€) augmentent de 125% et pourquoi les autres charges de gestion (231 k€) augmentent de 41,5 %. Aura-t-on des réponses ? Le TUM pourrait garder quelques espaces pour ça.
L’investissement : essentiel pour l’avenir et le sens de l’action qu’on veut mener, se monte à 930 730 € en baisse de 33% par rapport à 2022. La baisse est considérable et il n’y a pas que le niveau qui interroge, il y a la nature des dépenses.
En 2023 le poids des immobilisations corporelles (acquisitions immobilières surtout) pèse toujours très lourd (654 k€) alors que l’année précédente elles avaient déjà atteint un niveau record (à peu près 1000 k€).
Vu les sommes considérables qui sont engagées, un récapitulatif de ce qu’elles recouvrent concrètement est indispensable.
Pour éviter un endettement dangereux on a prélevé 600 k€ sur les excédents de fonctionnement cumulés depuis les années antérieures et ainsi largement consommé la réserve de sécurité, qui permettait d’aborder sereinement l’avenir et particulièrement les réalisations de l’opération tant vantée de Petites villes de Demain.
De ce fait, les marges de manœuvre s’épuisent ; ce que les banques ne manquent pas de surveiller de près.
Et pour faire bonne mesure dans les dépenses, on inscrit des frais d’études considérables (181 k€), soit, autant que pour les réseaux de voieries et les bâtiments publics
réunis (respectivement123 k€ en baisse de 56% et 62 k€,). Et c’est un progrès par rapport à l’an dernier, où on avait atteint 251 k€. !
Sauf que les études de sol indispensables pour créer la zone artisanale qui manque cruellement, semblent être oubliées.
Un « détail » : le projet d’infrastructure privé à 18 k€ (?) qui avait déjà bénéficié l’an dernier de 63,5 k€. De quoi s’agit-il ?
Le budget eau – assainissement
Il s’agit là d’un vrai service public, pas comme le camping ! La question de l’eau est vitale pour Mens : il faut assurer la ressource et la commune poursuit les travaux avec la commune voisine Saint Baudille pour la garantir.
Les excédents d’exploitation dégagés au cours des années précédentes permettent d’envisager quelques travaux d’équipement mais rien d’important sur les réseaux.
On annonce 80 k€ pour réparer les fuites !! Le réseau de la commune est très long (plus de 40 km) et l’état général est médiocre, voire mauvais, dans certains tronçons.
Les travaux de réhabilitation des espaces publics ont permis de construire des réseaux neufs, mais il reste beaucoup à faire. Il ne faut pas interrompre le travail commencé et
surtout, éviter le gaspillage.
Le taux de fuites sont très élevés (environ 45%) et nécessitent une vraie politique d’investissements de long terme.
On ne peut se contenter de « poser des rustines » en pensant « naïvement » que le transfert de la compétence à la Communauté de Communes en 2026 résoudra tout.
L’agence de l’eau qui apporte des financements est attentive à ceux qui font des efforts. Les recettes d’exploitation, la redevance annuelle, est en augmentation de 15,7 %
c’est un signe positif, il est dommage qu’une partie aille dans les fuites….
Le budget annexe « Tourisme »
C’est un budget de circonstance, baptisé « service public », conçu pour le camping qui vient de changer de gestionnaire et pour l’auberge de Mens qui est actuellement sans exploitant.
En fait ni le camping ni l’auberge ne constituent des services publics : ce sont des activités commerciales gérées par la commune qui passe des contrats avec des gestionnaires choisis dans le cadre d’appels à concurrence.
Les conditions dans lesquelles ce budget a été élaboré, sous la pression de l’urgence peuvent expliquer les imprécisions et les lacunes. Mais ces insuffisances sont à un niveau tel qu’il est très difficile d’y voir clair.
Quelques chiffres très globaux permettent malgré tout d’en mesurer la fragilité.
C’est un budget de 771 500€ dont 612 500€ sont apportés par le budget général de la commune (les chiffres ont été donnés par le maire dans le TUM d’avril).
Le complément 159 000€ est assuré par un autre apport de la commune comme suit : (109 000€) et par une estimation des recettes (50 000€) du camping et peut-être de l’auberge (si elle ouvre avant la fin de l’année).
Au total la commune apporte 721 500€.
Evidemment le camping (et l’auberge ?) devra assurer le remboursement de l’emprunt (500 000€) contracté par la commune.
Le gérant devra prendre sur les recettes de même que le loyer dû (15000€) et le pourcentage (4%) sur le chiffre d’affaires.
Il lui faudra payer en plus les charges de gestion courante (électricité, eau, assurances …).
Les chiffres prévus dans le budget annexe de la commune (45 000€) sont sujets à caution. Il faudra payer des salariés pour l’entretien général du camping (combien ?) pendant combien de temps ? Si comme il est dit l’ouverture sera prolongée, le cout salarial augmentera d’autant. On fait un pari très risqué sur l’effet financier d’une ouverture prolongée d’autant plus qu’il ne suffit pas d’être ouvert pour avoir des clients.
En résumé à travers ce budget improvisé, on peut craindre des difficultés financières qui appellerons à nouveau un financement de la commune. Déjà au mois de mai prochain, comme il est prévu dans le contrat, quand il faudra payer la première annuité de
remboursement de 41 852€ !
Un an ou deux à tenir dans ces conditions, avec quelles perspectives ? avec quelles conséquences financières pour la commune et même pour la vie de ce service « dit public »
du tourisme ?
On jugera sur les faits et non sur les discours …
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