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Un Trièvois, académicien et futur prix Nobel de littérature

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Yann PETRUCCI, sans doute le Trièvois le plus célèbre de tous les temps vient encore d’être couronné en recevant le 3ème prix d’un concours organisé par les nouvelles du pays pour sa magnifique nouvelle: « Maudits » que vous pourrez lire ci dessous.

Monsieur PETRUCCI, , prix Renaudot 2001, prix Goncourt 2003, auditeur de l’Américan Society of Litterature, auteur de best sellers traduit en plus de 88 langues vit loin de la foule de ses admirateurs à Fourchon, hameau perdu de Saint Baudille et Pipet.

Information exclusive Dodiblog: il viendrait d’être nommé membre de l’académie Française. On le voit içi essayer son habit d’immortel en compagnie de Cécilia SARKOZY dont le tout Paris bruisse de la rumeur qu’il serait le nouvel amant.

Autre scoop à mettre encore au conditionnel, PETRUCCI serait pressenti par le comité Nobel d’Oslo pour recevoir le prix Nobel de littérature 2008.

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Et maintenant l’oeuvre

Maudits

Que faisons nous, là, devant cette maison sinistre, un soir tempétueux d’automne? Cette question se répète inlassablement dans notre tête, mais ne nous empêche pas de nous retrouver inéluctablement attirés par le mystère morbide qui s’en dégage. Nous n’essaierons pas de frapper à la porte ; il ne fait aucun doute que l’habitant des lieux ne viendra pas nous ouvrir à cette heure inhabituelle. Silencieusement, nous contournons la bâtisse dont les hauts murs gris nous rappellent ceux d’une prison. Une fenêtre entrouverte nous permet de nous glisser à l’intérieur dans une cuisine simple et bien rangée. Trop sans doute. Dans la pénombre les ustensiles semblent en ordre de bataille prêt à en découdre avec l’intrus que nous sommes. Peu rassuré, nous franchissons rapidement une porte qui nous mène dans un couloir sombre et humide où des frissons d’angoisse commencent à nous parcourir. Il est maintenant évident que ce lieu abrite un désespoir profond dont l’issue ne peut être que fatale. Sans nous attarder sur les différentes ouvertures qui donnent sur des pièces plus noires qu’un four, nous grimpons lentement les quelques marches qui mènent à l’étage supérieur. C’est là, dans ce silence sépulcral que nous entendons les premiers gémissements. Plus qu’une douleur, ces plaintes trahissent la peur et un profond refus de l’avenir, et finissent de nous faire dresser les cheveux sur la tête. En même temps que ces bruits, une pale lueur se glisse sous la première porte du palier supérieur. Loin de nous rassurer, cette lumière semble le premier signe d’une descente infernale. Nous l’ouvrons lentement, attentifs à l’horreur qui nous attend derrière. Le choc de la vision qui s’offre à nous n’en est que plus brutal tant elle ne correspond pas à notre attente : un homme est assis à un bureau, de dos, face à une fenêtre aux rideaux tirés. Une faible lampe éclaire la table. Ce tableau, rassurant de prime abord, est très vite assombri par les soubresauts qui agitent le petit homme replet, et par l’ambiance glaciale de la pièce. Malgré l’envie de faire demi tour et de quitter à toute jambe ce lieu d’effroi, nous nous approchons, et jetons un coup d’oeil par dessus son épaule. Nous entendons maintenant plus distinctement ses petits cris ; des «  Non, non, non… » répétés inlassablement. Ses doigts s’agitent sur une carte postale qu’il tourne et retourne sans arrêt. Notre vue perçante, apanage des conteurs, nous permet de distinguer le sujet de l’image : une scène dans un village au début du vingtième siècle, sans doute en hiver. Nous pouvons reconnaître les sommets des 2 Soeurs du Vercors dans le lointain. Quelques hommes sont à ski dans le centre de la photo, entourés de plusieurs personnes, hommes, femmes, enfants. Et dans le fond, presque invisible, un personnage plus irréel dont la seule vue nous arrête le coeur : un vieil homme, courbé au point que ses mains gantées touchent presque le sol. Sa silhouette a été inutilement entourée au crayon, afin d’attirer l’attention. Son visage est ingrat et ses yeux trop clairs semblent toujours fixés le même point. De cet homme, de cette silhouette exsudent toute la noirceur que nous avons ressentie depuis notre arrivée. Au dos de la carte quelques mots manuscrits et mystérieux font référence à l’être de cauchemar :

« Une vieille carte qui devrait sans doute vous intéresser. Rappelez vous de lui faites jouer votre mémoire. Un ami. ».

C’est sur la froide ironie de ce dernier terme que nous décidons de nous retirer, de quitter ce lieu malsain qui commence à nous coller à la peau et de retrouver le confort serein de notre existence, laissant, avec quelques remords, le malheureux homme, seul, face à son terrible destin.

Je m’appelle François Verflucht. Je n’ai jamais été courageux et ce n’est certainement pas maintenant que cela va commencer. J’ai peur. C’est apparemment un trait de caractère héréditaire que les hommes de ma famille traînent de génération en génération depuis que… C’est aussi pour cela que je n’ai aucune honte à sangloter comme un enfant qui s’endort dans le noir. C’est un peu ce que je suis, n’est ce pas? Perdu dans le noir, sans lumière, ni espoir d’un matin prometteur. J’ai peur. Je tourne et retourne la carte entre mes doigts, relisant ces quelques mots, revenant sans arrêt à la photo, et à ce personnage à l’allure ridicule d’un crapaud mais aux yeux si froids, si perçants, que je sais que c’est moi, et moi seul, qu’ils regardent. « Rappelez vous de lui, faites jouer votre mémoire. » Pas besoin de cette précision. Je sais qui il est ; je l’ai toujours su depuis ma naissance, depuis avant ma naissance même. J’ai vécu toute ma vie, jour après jour, dans cette attente angoissante de me trouver face à lui. Comme mon père, et le père de mon père et comme les dix générations me précédant. Malgré l’épuisement qui me gagne, je trouve la force d’ouvrir le tiroir de mon bureau. J’en sors cette enveloppe parcheminée qui a traversé les siècles et dont je répands le contenu ; une enveloppe que chacun de mes ancêtres a transmise à son fils dès qu’il avait atteint l’âge de comprendre. Mais peut on jamais comprendre? Au moins le mal-être ressenti depuis la naissance trouvait-il là une explication. L’attente n’en devenait cependant que plus insupportable.

Des cartes, des photos, des images, des gravures, une lettre, sont étalées devant moi. Différents lieux, différentes époques, différentes situations, mais toujours ce même vieil homme dans le fond, toujours ces mêmes yeux qui ont fixé chacun de mes ancêtres avant d’en finir avec eux. Là, sur cette image adressée à un de mes aïeuls, une scène de guerre napoléonienne et sur une colline cet être qui nous regarde. Ici, sur cette autre carte envoyée à mon grand père, un paysage bucolique et champêtre respirant la vie, mais derrière un arbre toujours cet être qui nous regarde. Et au dos de chaque carte, toujours ces mêmes mots « Rappelez vous de lui » dont le vrai sens n’échappa à aucun de ceux qui m’ont précédés et qui voulait dire : « J’arrive, je suis là, pour toi, maintenant ».

Je ne peux pas m’empêcher d’en vouloir au premier de ma lignée, Jean Verre-flute, qui a été à l’origine de notre disgrâce et qui, pour un intérêt égoïste, a sacrifié l’ensemble de ses descendants. Les questions qui n’ont pas cessé de jalonner mon existence me reviennent par vagues successives et se brisent sur la certitude de ma fin prochaine. Malgré sa courte lettre de repentance écrite en 1718 après le supplice public de son vieil associé, l’incompréhension demeure. Pourquoi l’avoir dénoncé comme sorcier et le vouer ainsi à une mort atroce, déclenchant son sombre courroux? Pourquoi n’avoir pas tenu compte de la ténébreuse imprécation du vieil homme sur le bûcher, le vouant lui et ses descendants à l’enfer glacé? Pourquoi nous avoir tous engagés, de fait, dans ce malheur?

Je sens le froid de la pièce me gagner peu à peu, engourdissant mon esprit et enlisant ces dernières pensées dans une brume sans réponse. Le vieil homme est de retour. Je sens ses yeux m’envahir, se nourrir de moi, me dévorer de l’intérieur. Il vient me chercher maintenant. Je sens une douleur atroce m’enserrer le cerveau, Je sens mon cri silencieux tenter d’avaler une dernière bouffée d’air. Je sens une éternité d’enfer s’ouvrir en moi. Je sens, enfin, dans une ultime bribe de conscience, un léger sourire sur mes lèvres gelées. Cette malédiction s’achèvera avec moi. Malgré ma couardise, j’ai trouvé la force d’y mettre fin. Je n’ai pas d’enfants.

Yann Petrucci

38 ans

38710 St Baudille et Pipet

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Eh oui, c’est déjà fini ! Mais pour le plaisir, une autre oeuvre de ce génie des lettres:

Saison perdue

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